Lepetitjournal.com a reçu une tribune de Florian Bohême, Conseiller des Français de l’étranger au Cambodge, Président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée des Français de l’étranger.
Pour la première fois en 2022, le rapport annuel sur la situation des Français établis hors de France annonce publiquement le nombre de signalement pour violences conjugales à l’étranger : 235 !
Deux cents trente cinq femmes ont eu le courage de signaler leur situation, dans lancer un appel à l’aide, auprès d’une autorité consulaire française.
Ce nombre est en constante augmentation: 50 victimes recensées en 2019, 182 en 2020. Comme j’ai eu l’occasion de le dire à la tribune de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), l’augmentation du nombre de victimes est la démonstration que les dispositifs de signalement, d’identification mais aussi d’accompagnement fonctionnent et qu’ils sont indispensables.
Il est temps de rendre visible ce qui est souvent caché au plus profond de nos communautés françaises. Rendue possible grâce à l’action conjuguée des députées Lakrafi et Cazebonne, la publication officielle annuelle du nombre de femmes victimes de violences est une première étape pour mettre des mots sur les maux de l’indicible.
Mais ce n’est cependant pas suffisant. Lors de sa 37ème session plénière en octobre dernier, la commission des affaires sociales de l’Assemblée des Français de l’étranger(AFE) a consacré une partie de ses travaux à traiter de cette problématique pour proposer des solutions simples, de bon sens, facilement applicables.
En ce 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, cette tribune est là pour rappeler qu’il est temps de passer des discours aux actes.
Pour lutter contre les violences faites aux femmes françaises à l’étranger, il apparaît nécessaire de mobiliser conjointement :
– La détermination sans faille de l’administration consulaire à protéger les femmes victimes de violences;
– Une mobilisation à tous les niveaux des acteurs de la société civile et institutionnels;
– La fin de ce qui s’apparente souvent à une omerta dans nos communautés françaises.
- Détermination de l’administration consulaire
Nos travaux à l’AFE ont montré que les moyens alloués à ce fléau ne sont pas à la hauteur des ambitions publiques affichées. C’est pour cette raison que nous avons demandé au Ministre des Français de l’étranger, Olivier Becht, en lien avec la Ministre de l’Égalité Femmes-Hommes, Elisabeth Rome, d’engager une concertation interministérielle afin de réunir tous les acteurs concernés. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Par exemple, il est anormal que la cellule d’aide aux victimes de la Direction des Français de l’Étranger n’ait pas un lien direct avec le Procureur de la République de Paris pour signaler les cas de violences conjugales auprès d’une autorité judiciaire française, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Afin de réaliser un suivi individuel des cas, il est primordial de renforcer l’accueil consulaire, la prise en charge par des personnels formés ou encore la réponse téléphonique via les numéros d’urgence des consulats et ce dans les meilleurs délais.
- Mobiliser les acteurs de la société civile et les acteurs institutionnels
Des initiatives associatives ou privées ont récemment vu le jour (plateforme SAVE YOU déployée dans certains pays), un groupe Facebook proposant un soutien et des échanges sécurisés entre les femmes en instance de séparation ou victimes de violence existe depuis 2016. A l’échelle locale, ce sont les Organismes Locaux de Solidarité qui sont souvent en première ligne.
Pour accompagner au mieux ces mobilisations citoyennes, les Conseillères et Conseillers de l’Assemblée des Français de l’étranger ont proposé d’élargir la possibilité de financer des actions de promotion des droits des femmes via le dispositif “Soutien au Tissu Associatif des Français de l’étranger” doté de 2 millions d’euros. Ces subventions, outre l’accompagnement associatif, pourraient aussi faciliter des rapatriements en France, lorsque la situation l’exige ou encore d’accompagner nos compatriotes qui sont parfois victimes de violence économique et à qui on coupe tous les vivres.
- Briser l’omerta dans nos communautés
Sur le territoire français, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint. Aucune statistique n’est publiquement diffusée auprès de nos communautés françaises expatriées alors même que des situations dramatiques ont lieu dans le silence général, et disons le, dans une certaine forme d’omerta.
Rendre visible ce qui est invisible, c’est ce que nous avons essayé de faire en demandant la publication de témoignages anonymisés de femmes victimes sur le site Internet de l’Assemblée des Français de l’étranger. Ces témoignages sont d’abord une reconnaissance du courage de ces victimes.
Il faut cependant aller plus loin. Lever les tabous passera aussi par la généralisation des formations à l’accompagnement des victimes. Pour cela, nombreuses actrices et nombreux acteurs peuvent être mobilisés sur la base du volontariat : élus locaux des Français de l’étranger, consuls honoraires, agents consulaires, personnels des établissements scolaires français et bien d’autres.
Ces propositions ont été adoptées à l’unanimité par les 90 Conseillères et Conseillers qui composent l’Assemblée des Français de l’étranger. Nous attendons désormais des résultats concrets tant de la part du Gouvernement que de l’administration consulaire.
Bien que le Président de la République ait une nouvelle fois décrété que la lutte contre les violences faites aux femmes serait la grande cause de ce nouveau quinquennat, force est de constater que les avancées dans ce domaine, et particulièrement en direction des Françaises de l’étranger, sont trop timides pour ne pas dire inexistantes.
En ce 25 novembre 2022, une nouvelle fois, il est temps de sonner la mobilisation générale !
Victime de violence ou témoin de violences? Ne restez pas sans soutien :
Association France-Victimes en partenariat avec le ministère de la justice de la République française (disponible depuis l’étranger) qui assure une première écoute : +33180523376
Le consul a présenté les actions ou pistes du gouvernement pour combattre les violences faites aux femmes :
- Volonté politique
- Grenelle contre les violences (2019) en trois points
- prévention
- protection
- punition
- Diplomatie féminine
- nomination de plus de femmes ambassadrices
- droit des femmes
- les femmes dans la résolution de conflits
- le viol en tant qu’arme de guerre
- https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-feministe/strategie-internationale-de-la-france-pour-l-egalite-entre-les-femmes-et-les/
A savoir tout de même, le taux de féminicides baisse très lentement
Le consulat avait invité plusieurs intervenants
- Sarah Abitbol, patineuse violée par son entraineur quand elle avait 15 ans et qui milite pour éviter que ca se reproduise et veut intervenir dans les écoles
- Elizabeth Regalado, Liz est executive director du board en charge des violences domestiques pour le comté de Miami dade
- Denisse Cordova-Montes est acting director de la Human rights clinic à UM (university iof Miami). Elle est entourée d’Etudiants qui peuvent aider dans le cadre de leurs études
Ces deux derniers contacts sont très intéressants pour l’OLES qui est confrontée aux violences conjugales, il est donc nécessaire d’avoir des contacts locaux pour pouvoir aider ces femmes (shelters dédiés, aide juridique…)